Auteur/autrice : Manu

  • L’Artivisme dans la Danse : Mon Chemin de Derviche Contemporain

    L’artivisme en mouvement

    L’artivisme, c’est cette alchimie entre l’art et l’engagement. Pour moi, c’est dans la danse que cette fusion prend tout son sens.
    La danse tournoyante, inspirée des derviches tourneurs, est bien plus qu’une simple pratique : c’est un voyage, une exploration, une manière d’être au monde.

    À travers mon parcours d’artiste et de facilitateur de danse tournoyante contemporaine, j’ai découvert comment le mouvement peut devenir un acte de résistance, une prière incarnée, une prise de parole silencieuse mais puissante.


    Danse tournoyante : entre héritage et modernité

    Quand on évoque la danse soufie, on pense souvent à des figures mystiques en robes blanches tournant jusqu’à la transe. Mais pour moi, cette image figée masque un potentiel bien plus vaste.

    J’ai choisi de revisiter cet art du tournoiement, non pour reproduire une tradition, mais pour la faire dialoguer avec notre époque.
    Comment ce mouvement ancestral peut-il nous reconnecter à nous-mêmes, aux autres, à l’instant ? Comment peut-il être un outil de liberté, voire de contestation douce, dans un monde où tout va trop vite ?


    Le Derviche Contemporain : une recherche vivante

    Mon chemin artistique m’a mené à m’affranchir du cadre traditionnel, en y intégrant des influences de danse contemporaine, de contact improvisation, de théâtre physique.
    Le Derviche Contemporain, ce n’est pas une performance figée, c’est une recherche chorégraphique, une quête d’équilibre entre ancrage et perte de repères.

    Dans mes stages, je guide les participant·es dans cette exploration du mouvement tournant. Ce n’est pas une simple technique :
    c’est une expérience sensible, un lâcher-prise, une connexion au souffle, à l’espace, à l’autre.


    Là où la danse devient artivisme

    Le tournoyement devient artivisme quand il transforme, quand il questionne.
    Danser, c’est déjà résister :

    • contre l’inertie et l’oubli du corps
    • contre une société qui nous pousse à tout rationaliser
    • contre le besoin de contrôle permanent

    Tourner, c’est laisser parler l’intuition, s’ouvrir à l’invisible, reconquérir une présence.

    Dans mes performances comme dans mes ateliers, j’ai vu la puissance de cette pratique :
    méditation en mouvement pour certains, libération intérieure pour d’autres, ou encore affirmation existentielle pour beaucoup.


    Danser, tourner, exister

    Mon engagement en tant que Derviche Contemporain est un chemin en mouvement permanent.
    Chaque stage, chaque rencontre, chaque cercle est une nouvelle leçon.

    Je continue de tourner, non pour fuir le monde, mais pour y ancrer une autre vision :

    • une vision où le mouvement devient poésie,
    • où la danse devient langage universel,
    • où l’art devient acte de liberté.

    Et parfois, il suffit d’un simple tour pour transformer le regard qu’on porte sur le monde.

  • Gamart : Une Danse Hybride au-delà des Frontières 

    Danser entre les cultures : un dialogue entre l’Orient et l’Occident 

    Je viens d’un carrefour de cultures, un entre-deux où l’héritage arabe et les influences européennes s’entrelacent. Cette tension entre deux mondes nourrit mon travail chorégraphique. Dans Gamart, cette double identité prend vie dans la gestuelle : les rotations infinies des derviches tourneurs rencontrent la fluidité de la danse contemporaine, les rituels anciens s’entrelacent avec des expressions modernes. 


    Un Langage Corporel Hybride et Engagé 

    Ma recherche chorégraphique au sein de Gamart se nourrit de ce croisement. Je travaille à décloisonner les formes, à brouiller les lignes entre la danse soufie, la danse contemporaine et l’art performatif. Comment les rotations des derviches tourneurs peuvent-elles dialoguer avec les principes du contact improvisation ? Comment créer un espace de liberté où le corps s’exprime au-delà des cadres imposés ? 


    L’Art Queer : Un Corps Politique et Poétique 

    Gamart, c’est aussi un espace où les identités se réinventent. L’art queer est une inspiration essentielle dans mon travail : il m’apprend à voir le corps comme un territoire en mutation, à refuser les normes figées, à célébrer l’ambiguïté et la fluidité. Danser, c’est déjà une prise de position : c’est exister pleinement, dans toute sa singularité. 


    Au-delà du Divertissement : Une Danse Porteuse de Sens 

    Ce qui me passionne chez Gamart, c’est que la danse y dépasse le cadre du simple divertissement. Chaque performance est une expérience immersive, où le spectateur est invité à ressentir autant qu’à voir. C’est une danse qui interroge, qui trouble, qui ouvre des brèches. L’artivisme est au cœur de ma démarche : utiliser la danse comme un outil de transformation, un langage pour parler d’interculturalité, de spiritualité, d’identité, de liberté. Chaque mouvement devient une manière d’interroger le monde, de proposer une autre façon d’être ensemble. 


    Gamart : Une Danse en Mouvement, un Monde en Devenir 

    Ce que je trouve puissant dans cette compagnie, c’est son refus du cloisonnement. Gamart est un espace de recherche, où la danse dialogue avec la musique live, la vidéo, la performance, la poésie. C’est une invitation à rêver autrement, à ressentir autrement, à penser autrement. Et si nous pouvions, par la danse, transformer notre regard sur le monde ? C’est cette question qui me fait avancer, qui me pousse à tourner encore et encore, à chercher, à créer. Gamart, pour moi, c’est ça : une danse en mouvement, un monde en devenir.

  • Qu’est-ce que le Derviche Contemporain ?

    Le Corps comme Révolution, la Danse comme Résistance.

    Le Derviche Tourneur ne tourne pas uniquement sur lui-même. Il tourne autour d’un axe invisible, un centre immobile au milieu du chaos du monde. Il tourne pour se dissoudre, pour transcender les frontières de l’ego, pour se libérer des carcans imposés par l’histoire, la culture et les systèmes de domination. 

    Mais que signifie tourner aujourd’hui ? Dans un monde fragmenté, où l’accélération permanente empêche toute connexion véritable, la danse soufie résonne comme un acte de rébellion, une révolution silencieuse du corps et de l’âme. Ce n’est plus seulement un rituel mystique ; c’est une poésie en mouvement, un cri d’émancipation,  une réponse spirituelle et politique aux fractures de notre époque. 


    Danser pour retrouver l’unité 

    Depuis des siècles, la danse soufie est un chemin d’unification, une quête où le  danseur devient à la fois vide et plein, où l’acte de tourner dissout les illusions de séparation. Inspiré par Rumi, le Derviche Contemporain réinvente cette quête : il ne  s’agit plus seulement de tourner en cercle, mais de tisser un dialogue entre passé et  présent, visible et invisible, ancien et nouveau. 

    Le Derviche Contemporain est un messager du mouvement perpétuel. Il danse dans la  faille entre tradition et modernité, refusant de choisir l’un au détriment de l’autre. Il fait  de son corps une passerelle entre les héritages spirituels et les aspirations du monde  contemporain. 

    Dans cette approche, la danse devient une forme d’insurrection douce : 

    Une insurrection du silence : Dans un monde saturé de bruit et de distraction, le tournoiement crée une brèche où le vide devient fertile, où la présence devient radicale. 

    Une insurrection du corps : Lorsque l’individu tourne, il renverse l’ordre établi de la gravité, il défie l’inertie du quotidien, il revendique un espace où le corps retrouve sa souveraineté. 

    Une insurrection du sacré : La danse soufie ne se limite pas à un passé glorieux ; elle est une invitation à incarner le sacré dans l’instant, à faire du geste un temple vivant.


    Le politique du tournoyant 

    Tourner n’est pas neutre. Tourner, c’est refuser l’immobilisme, refuser d’être enfermé dans des structures figées, refuser une modernité qui détruit ses racines au lieu de les faire croître. 

    Le Derviche Contemporain, en mêlant danse sacrée et conscience moderne, devient un acteur politique au sens le plus noble du terme : il interroge notre rapport au monde, à la mémoire collective, aux récits qui nous construisent et nous enferment. 

    Il rappelle que la tradition n’est pas un poids, mais un feu. Que la modernité ne doit pas être une amnésie, mais une réinvention. Que danser, c’est créer du sens, une nouvelle narration du corps et de l’être. 

    Dans cette vision, la danse soufie n’appartient plus uniquement aux cercles fermés des ordres mystiques, ni aux musées du folklore figé. Elle devient une philosophie en  mouvement, une invitation à repenser notre manière d’habiter le monde. 

    Rumi disait : « Ne sois pas satisfait des histoires, de comment les choses ont été. Crée ta propre légende. » 

    Créer une légende, c’est laisser la danse soufie respirer à travers nous. C’est comprendre que le Derviche Tourneur du XXIe siècle ne tourne pas pour fuir, mais pour revenir. Revenir à son corps, revenir à l’autre, revenir à l’essence. 

    Les stages de Derviche Contemporain ne sont pas de simples ateliers de danse. Ce sont des espaces de métamorphose. Des lieux où l’on réapprend à écouter l’intelligence du mouvement, à laisser le corps dialoguer avec l’invisible, à embrasser le tournoiement non comme une technique, mais comme une porte d’accès à une autre  perception de l’existence. 

    Car dans un monde qui nous pousse à courir sans cesse, peut-être que la véritable révolution est d’apprendre à tourner.